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avec la pureté de l’émotion, cette verdeur, cette belle fougue d’expression qui séduisent : sans cesse des phrases simples, mais de beaux mouvements de style par quoi, sans qu’il s’en rende bien compte, l’enfant sent la grandeur des mouvements d’âme qui soulevèrent la patrie en danger et la redressèrent terrible et majestueuse.

Les mêmes raisons invitent à la plus libérale distribution du Catéchisme populaire républicain. C’est un exposé des principes, un credo civique. Credo : l’auteur est convaincu ; ses principes sont « les vrais » et universels, convenant « aussi bien à l’homme qu’à l’enfant » ; et enfin leur exposé est comme impersonnel, dicté par quelque esprit, projeté par quelque lumière intérieure ; l’auteur se considère un simple transcripteur ; cela ressort très évidemment de la préface. De là l’assurance de l’expression et le tranché des définitions, on dirait presque leurcaractère d’infaillibilité. Pour « athée » Leconte de Lisle n’en est pas moins un ferme croyant, en somme tout comme Renan si improprement dénommé sceptique, ou encore comme Rousseau : « L’homme est un être moral, intelligent et perfectible. » C’est le rousseauisme : (« La nature propre est de tendre au bien et de fuir le mal ») ; et en même temps du renanisme appuyé sur la perfectibilité de l’homme, ainsi qu’on le voit à ses définitions de l’être perfectible et du progrès : « C’est la loi naturelle constante, nécessaire, par laquelle l’homme agit, s’élève, déploie ses forces et agrandit son existence, sans relâche et sans terme »,