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Cette histoire populaire est un résumé merveilleux et vraiment historique ; c’est le véritable essentiel qui y est dit au contraire de la généralité des manuels classiques : les mots à effet plus ou moins authentiques sont absolument laissés de côté ; les portraits des hommes qui ont dirigé les mouvements divers sont tracés en quelques mots courts et complets, vivants. L’artiste, qui génialement exprime l’âme d’un paysage par deux épithètes, fixe en quelques termes, de façon définitive, le caractère le plus complexe. Il n’y a rien de comparable en ce point au portrait de Mirabeau : « Le vrai tribun de la Constituante était Mirabeau, homme de mœurs décriées, dont la jeunesse désordonnée s’était consumée en luttes contre le despotisme paternel et l’arbitraire royal, renié par sa caste, accueilli par le tiers-état, et qui mettait encore, à cette époque, au service de la Révolution, une audace sans bornes et une éloquence sans égale. » C’est de l’histoire et à lui être comparés les volumineux précis d’un Thiers sont de la littérature, et de la mauvaise. Peu de mots suffisent pour fixer le vrai caractère des plus tumultueuses, donc confuses journées révolutionnaires. Il ne s’attarde pas aux vains détails pittoresques ; voyez comme il a nettement marqué le caractère national de la journée du 12 juillet : « Les troupes arrivaient de tous côtés, composées surtout de régiments étrangers, mercenaires prêts à massacrer les représentants sur un signe du roi. Paris, souffrant déjà du manque de pain, était profondément agité… La foule fut chargée et sabrée sur la place Louis XV