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rent entre la mort de Louis XV et le 18 Brumaire. Les premiers mots de l’avant-propos témoignent assez de la pureté du républicanisme de l’auteur. « La nation française était abêtie et tyrannisée depuis des siècles. Ni lois, ni droits. Par les lettres de cachet, les confiscations, les impôts arbitraires, les privilèges de caste, les redevances féodales, les dîmes, les corporations et les jurandes, le roi, la noblesse et le clergé possédaient la terre, les esprits et les corps. Le peuple tout entier travaillait et mourait sous le bâton, misérable, affamé, soumis à la plus abjecte servitude. La Révolution française a été la revendication des droits de l’humanité outragée ; elle a été le combat terrible et légitime de la justice contre l’iniquité. » Voici encore quelques-uns des mots simples et nets, si impérieusement justes, par lesquels il grave en d’impérissables médailles les fidèles profils des règnes ou des caractères ; on reconnaîtra à la frappe l’auteur de l’Holocauste et de la Bête écarlate. Le règne de Louis XV est « immonde » ; Louis XVI était « d’une intelligence médiocre, extrêmement dévot, menteur par faiblesse et faux par éducation religieuse ». Suite ordonnée et déduction, enchaînement logique des divers caractères du personnage, et quelle précision de gravure ; quelques traits principaux bien en relief, secs, vigoureux et nets comme des arrêts, comme des syllabes de couperet. Et quelle sûreté de main et de conscience : pas une hésitation, pas une « faiblesse ». Cela manifeste le robespierriste convaincu et inébranlable. Ton simple et nulle insistance : personne n’a à élever d’objection,