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L’ENFANCE DANS L’ÎLE

D’inconnus et doux sons.
Au long sentier des roses
J’irai par légers pas,
Je parlerai, tout bas,
Et de petites choses.

… Parles, et ma faiblesse
Disparaîtra soudain,
Parles, et ta parole
Étoilera ma nuit,
Et le pauvre créole
Pourra chanter aussi.

c. l. d.


On y entrevoit et on y réécoute Walter Scott, Chateaubriand et Mme Tastu. Et le souvenir des capacités et des tentatives musicales de Rousseau, — dont l’image vénérée inspira le plus son enfance, — peut avoir présidé à cet essai d’accompagnement mélodique. Il avait, sur les désirs paternels, commencé à apprendre la musique, à l’île natale. En effet, quand il quitta Saint-Paul pour Dinan, M. Leconte de Lisle père recommande presque dans chaque lettre à son cousin, qui y sera le correspondant de son fils, de veiller à ce que Charles continue la musique. C’était du clavecin qu’il s’agissait. Charles lui-même aimait de sentiment décoratif l’instrument qui avait vibré à tant d’amoureuses mains immortalisées, où s’étaient accoudées, posées, puis envolées lyriquement les méditations de tant de poètes, mi-claires et gaies de bonheur, mi-sombres et noires de désespérance, au caprice des touches blanches et des touches noires. Il ne le chanta jamais qu’à cette période de l’adolescence. Son cœur vibrait, il est vrai, autant du spectacle de la