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Quand, à la chute de l’Empire, furent révélés « les secrets de la cassette impériale[1] », l’on vit soigneusement encadrée entre des publications de dons faits à des personnes tarées, espions ou revendeuses, une note concernant la pension de 3.600 fr. servie par Napoléon III au poète Leconte de Lisle sur sa cassette personnelle. L’effet voulu se réalisa, scandaleux. Les chaleureux amis de 1848, comme les admirateurs du poète altier furent un instant déconcertés. Ils le savaient éloigné de l’action, mais sincèrement et rigoureusement républicain ; ils se refusèrent à croire qu’il avait abjuré la foi d’hier. Aux jours d’injuste obscurité, ils avaient exalté, ils s’étaient ingéniés à faire valoir l’altier républicanisme de Leconte de Lisle afin de communiquer aux républicains, uniquement épris du génie libéral de Hugo, l’admiration nécessaire pour l’auteur des Poèmes antiques. Et voici qu’il était brutalement dénoncé à tous comme jouissant secrètement d’une libérable impériale. Nulle explication.

La réalité se révèle aujourd’hui des plus simples : le peintre Cornu était l’ami de Jobbé-Duval et Mme Cornu, sœur de lait et directrice littéraire de

  1. Voir la publication par Poulet-Malassis des Papiers secrets et correspondance du Second Empire… etc. Des cinq ou six ouvrages de ce genre, c’est le seul qui mentionne Leconte de Lisle, p. 353. (La pension fut versée à partir de juillet 1864.) La lisle des pensionnés sur la cassette impériale est donnée avec de très intelligentes et impartiales notes d’André Lefèvre.