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vérité, en ses nuances, touchant les sentiments de Leconte de Lisle en 1870 et 1871, non seulement sur le Gouvernement provisoire mais sur la Commune. Ceux qu’on lui prête généralement, entiers et exclusifs, ne semblaient ni très logiques ni justes. On voit ici qu’il n’a pas « détesté » en bloc la Commune, comme on l’a répété, mais que sa véhémence s’attaqua surtout aux faux émeutiers « imbéciles et désœuvrés », aux voleurs et aux criminels de droit commun « qui n’ont rien à voir avec des insurgés politiques », à ceux qui incendient les hospices avec les malades et brûlent les familles dans les maisons. Il pressentait l’échec de l’insurrection et s’effrayait avant tout qu’elle ne provoquât en représailles une terreur blanche. Sa crainte d’une royauté s’exprime à maintes reprises.

Il était en relations avec certains chefs du mouvement et c’est de l’un d’eux que lui venaient les nouvelles qu’il donnait dans ses premières lettres. Il avait partagé au cours du siège, exactement et en détail, les ressentiments des plus sympathiques révolutionnaires contre le Gouvernement provisoire. Et, en quelque sorte, les vers par lesquels il terminait son Sacre de Paris, que demandaient-ils, en janvier 1871, sinon l’incendie même de la capitale avilie ?


Vide sur eux palais, maisons, temples et rues…
Dans le carrefour plein de cris et de fumée,
          Sur le toit, l’arc et le clocher
Allume pour mourir l’auréole enflammée
          De l’inoubliable bûcher !


On s’est laissé entraîner à assimiler son opinion