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LECONTE DE LISLE


Ô tendre souvenance
De mes jeunes moments !
La mobile espérance
S’envole avec le temps.


Elle évoque les campagnes fleuries, les vallées, les coteaux aux pentes parfumées.


Et vous sources si pures,
Belles aux yeux charmés
Murmurantes ceintures
Des gazons humectés ;


et seul la plaint l’orage tropical qui s’engouffre sous ses pieds.

Une autre pièce, l’Invocation, se trouve bien près d’être une romance : c’est du Rességuier zézayant, ainsi que le montrent ces fragments.


Qui toi, pauvre créole,
Veux-tu chanter aussi ?
Une douce parole
Comme un éclair a lui,
Et de la poésie
Une lueur d’espoir…
Advient fraîchir ma vie,
Léger soupir du soir,
Puis jusqu’en ma pensée
Délirante d’amour,
D’odorance enivrée,
Semble un rayon de jour.

Oh ! laissez-moi chanter !
Qu’importe ma faiblesse !
Car flamme enchanteresse
En moi paraît glisser
Comme aux flots s’insinue
L’astre aux pâles rayons…
Et mon âme est émue,