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coup d’hommes, il est possible qu’il emporte d’assaut un ou deux forts. Cela étant, Paris sera bombardé et se rendra. Qu’adviendra-t-il ensuite ? Dieu seul le sait. Je raisonne, bien entendu, dans l’hypothèse que nous n’entendrons plus parler de Bazaine et de Mac-Mahon, car tout dépend de leur succès dans l’Est ou de leur inaction forcée…


Cependant la vue du désordre qui envahit tout, de « l’anarchie morale qui nous ronge », du spectacle qu’offre le peuple « convaincu que Paris est abandonné à l’ennemi », les « conversations déplorables qui se tiennent à haute voix dans les rues » et les propos mêmes des dirigeants l’incitent aux plus funestes prévisions.


… Je commence à désespérer de tout. Les misères morales et matérielles m’accablent… Si nous sommes assiégés, il se passera de longs jours avant que nous entendions parler les uns des autres. J’ai la mort dans l’âme. La banlieue rentre dans Paris. Toute la journée on voit des familles entassées dans des charrettes avec leurs meubles défiler sur le boulevard des Invalides. Si le pays résiste à cet effroyable désastre, il aura de terribles comptes à demander aux misérables qui l’ont conduit là. Mme Tascher de la Pagerie, intime de l’Impératrice, espionne prussienne, est en fuite ainsi que Mme de Païva. Les Tuileries étaient un nid de mouchards étrangers.


Il se raccroche vite à toutes les espérances. Les Prussiens interrompent-ils leur marche sur Paris pour se diriger vers Vouziers à la recherche de Mac-Mahon, il estime la situation « infiniment meilleure » (lettre du 21 août). Maintenant, qu’il y ait défaite