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de violence qui vingt ans couvèrent sous la cendre d’or de poésie. À nouveau, s’affirme le besoin d’agir directement sur la masse, et Leconte de Lisle croira bienlôl le moment venu de répandre les idées révolutionnaires par des brochures destinées au peuple.

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Des lettres écrites par ballon à un cousin[1] montrent, dans le détail quotidien et la passion instantanée, les sentiments que les événements ravivaient alors en lui contre l’Empire, l’émotion croissante devant les progrès de l’Invasion dans l’affolement général, l’intérêt minutieux qu’il portait aux choses de la Défense, l’exaltation de ses espérances et de ses déceptions, ses idées sur les actes du gouvernement et les décisions tragiques qu’il eût dû prendre, sa sympathie constante avec le peuple dont il partage profondément les angoisses et tour à tour l’amer sang-froid ou l’intrépidité courageuse et révoltée. Ce qui y frappe tout d’abord, c’est une ecrande confiance en Paris et en la France qui, évidemment, représentent pour lui en face de l’AIlemagne la Grèce moderne, et qui ne peut pas être vaincue définitivement.

  1. Publiées dans leur intégralité avec celles que Leconte de Lisle écrivait en même temps à M. de Heredia, elles formeraient une partie importante de cette Correspondance dont le public tirerait aussi grand profit que de celles de Flaubert et des autres grands écrivains de l’époque. Elles feraient connaflre un Leconte de Lisle très vivant, contemporain et pathétique.