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À ces épreuves de plus en plus dures son caractère se trempait, « Après l’amour de la langue, dit M. Maurice Barrès, les passions fortes de Leconte de Lisle furent l’orgueil d’un solitaire, le dédain d’un stoïcien méprisant. » Orgueil, stoïcisme ; mais s’il se tenait hautain dans la solitude que le public faisait autour de lui, il n’était point un solitaire[1]. Il y avait, quoi qu’on en ait pu dire, beaucoup de souplesse dans sa fermeté.

Elle ne venait pas seulement de sa générosité, tellement foncière qu’il était encore un ami réconfortant au plus vif de ses ennuis[2], mais de la variété de ses qualités et de l’harmonie qui s’en composait par l’équilibre d’une nature puissante et saine. L’harmonie est une méthode, très rigoureuse, une subtile mais indissoluble discipline. Ainsi l’amour de la beauté rendait son âme inaltérable aux contingences.

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L’étude scientifique ne contribua pas moins que

la contemplation du beau à donner de la certitude

  1. Encore moins un révolté. « Tant que dura la jeunesse, écrit M. Hugues Le Roux (la Dernière Muse, Journal du 22 juillet 1894), Leconte de Lisle se complut dans cette attitude de révolte. Il voulait ameuter contre soi toutes les haines. » Rien n’est plus grossier, donc faux.
  2. Flaubert, Corresp., III, p. 287.