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lui-même fait allusion au début de son article sur Vigny : « Quant aux insultes imbéciles qui se sont soulevées autour de moi comme une infecte poussière, elles n’ont fait que saturer de dégoût la profondeur tranquille de mon mépris. »

Il vivait alors dans une pauvreté déprimante. À des prix dérisoires, il donnait des leçons « de tout » à des enfants d’un cerveau ingrat[1] ; il était répétiteur de latin et de grec ; le travail considérable de traductions, auquel il se livrait, lui prenait un temps infini et l’épuisait; ses yeux étaient très fatigués. Pour se délasser, il adaptait entre deux leçons une chanson sentimentale du poète libertaire Burns dont il devait méditer la vie en exhortation au courage. La pension que lui avait votée l’île natale lui était à plusieurs reprises retirée, notamment pour des motifs religieux : ainsi, à la suite de Quaïn, l’archevêque faisant partie du Conseil général de l’île avait démontré l’impossibilité de continuer les libéralités à l’égard d’un impie qui s’en servait pour insulter l’Église[2].

    de voyou de la place Maubert. Son article sur Béranger, où il n’y a pas l’ombre d’un excès — au contraire, — est biffé et barbouillé… par le crapuleux mystificateur. La signature de M. Leconte de Lisle est suivie de ces mots : Triple sot, sacristain, argousin. Voilà ce que c’est que de toucher, même avec sagesse, aux idoles populaires. »

    T. S.

    Ulysse Pic publia dans le Progrès de Paris des articles au sujet de l’étude sur Béranger.

  1. Flaubert le plaint vivement dans sa Correspondance, de ses leçons. « Ah ! si j’étais riche, s’écrie-t-il une fois, quelles rentes je ferais à toi, à Bouilhet, à Leconte. »
  2. Calmettes : « La pension fut supprimée ». Voir à l’appendice « Leconte de L. et ses compatriotes » divers faits se rapportant à cette pension, l’intervention de Villemain, les séances du Conseil général où son talent est discuté.