s’y atteste historien vigoureux et original ; il
analyse avec droiture et dégage avec décision, en les
précisant dans un esprit tout pratique, les effets
que les événements ont sur le public. Il
matérialise dans les familles, actives et courageuses, ce
qu’on a coutume de désigner seulement sous les
dénominations vagues d’honneur et de patrie. Ce
n’est pas amoindrir son patriotisme, mais lui
donner une substance populaire. Leconte de Lisle
avait le culte du labeur, de l’énergie des vaillantes
familles françaises qui portèrent dans l’Océan
Indien le génie généreux de la France, ne manquant
jamais de soumettre, avec intelligence, l’intérêt aux
idées humanitaires. Ce sera l’honneur impérissable
de la France d’avoir importé les idées vraiment et
fécondément civilisatrices dans cet Océan Indien
dont Leconte de Lisle est le grand poète, celui qui
a fixé, en épithètes lucides et mystérieuses, en
visions nettes baignant dans une atmosphère
vaporeuse, la beauté de sa faune, de sa flore et de ses
paysages, celui qui a exprimé le premier dans une
ligue européenne le génie hindou en sa majesté
ou sa grâce aryennes, celui dont la jeunesse de
l’avenir, française des Mascareignes ou de
Madagascar, anglaise de l’Hindoustan, étudiera l’œuvre
pour elles entre toutes révélatrice du milieu où elle
se développera.
Ses articles de critique littéraire, réunis dans