Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses pouvoirs et l’appuyer plus énergiquement ; mais Louis XV et ses ministres ne constituaient pas un gouvernement ordinaire, et les directeurs de la Compagnie française étaient des marchands de denrées coloniales, dont l’entendement n’embrassait rien au delà d’un état explicatif de colis expédiés ou reçus.


Dans le traité local de décembre 1764, Leconte de Lisle, fidèle à l’esprit constant de son patriotisme comme de toute son œuvre, fait encore ressortir que la grande intelligence en matière de politique coloniale, vis-à-vis des races dites inférieures, est l’humanité. Déclarant que ce qu’il y avait de plus honteux dans ce dernier traité était l’abandon de nos alliés, il montre qu’au contraire la générosité de Bussy devait nous valoir dans la suite le dévouement célèbre de Haïder-Ali et de Tippoo-Sahib.


Charles de Castelnau, marquis de Bussy, doué d’une bravoure brillante, d’une générosité déjà proverbiale dans l’Inde, parlant les diverses dialectes des provinces où il commandait, avait acquis dès cette époque un ascendant sans égal sur les populations musulmane et hindoue. Il unissait à tant de qualités extérieures une rare étendue d’esprit qui n’excluait en lui ni l’intelligence vive et sûre des détails politiques, ni le plus absolu désintéressement. Il n’y avait place dans cette âme vraiment grande que pour le dévouement sans bornes à la France et pour la passion d’une gloire pure. Sa fortune et sa vie devaient être sacrifiées à ce double idéal, mais l’unique récompense qu’il ambitionnait lui était dès lors promise et assurée : la gratitude unanime de ses compatriotes et l’estime constante des ennemis de son pays.