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peler chaleureusement l’œuvre accomplie, il y a plus d’un siècle, par le génie de Dupleix. La France nouvelle qu’il avait fondée n’existe plus, mais sa chute a été imméritée. Elle n’a laissé aucune trace accusatrice de violence et d’oppression systématiques ; elle s’est affermie promptement, sans recourir aux annexions forcées, aux traités violés, aux meurtres sommaires des Nababs mongols et des Radjahs hindous, n’assignant d’autre tâche à l’intelligence, à l’activité, au courage de quelques hommes obscurs et dévoués que celle d’assurer une suprématie sympathique aux populations indigènes. L’inepte gouvernement de Louis XV et de vils intérêts mal entendus l’ont sacrifiée et anéantie. Se relèvera-t-elle de ses ruines ? Les Français de l’Inde n’en ont jamais désespéré ; mais il n’appartient qu’à la mère patrie de le vouloir, et ce serait, je l’avoue, une illusion étrange, que de prétendre l’y intéresser à ce point. Cependant l’histoire subsiste et ses enseignements ne sont jamais entièrement perdus. L’exposé des faits antérieurs à notre action régulière sous le commandement général de Dupleix, à Pondichéry, fera mieux saisir la justesse de ses vues et la grandeur de ses desseins.


Ces lignes : « Je m’estimerais heureux de rappeler chaleureusement l’œuvre accomplie par le génie de Dupleix » et : « Il n’appartient qu’à la mère-patrie de le vouloir » dénoncent l’intention active de l’article et le sentiment dans lequel il fut élaboré. Avant tout c’est une apologie de Dupleix, « le seul homme d’état dont la France pût se glorifier depuis Richelieu, » une justification de l’amiral La Bourdonnais, et une illustration de l’héroïque Bussy. On discerne avec quelle admiration et quelle cordialité ces pages furent écrites et comment ces sen-