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la conçoit, telle qu’il la traite, telle qu’elle lui vaut les railleries ou l’injurieuse indifférence.

Avant sa série de critiques, il publie en deux longs articles une étude entièrement inconnue sur l’Inde française. Écrite à l’époque de sa maturité (1867), après ses deux premiers volumes, elle mérite en tous points d’être réunie à ses œuvres complètes et définitives ; ce morceau remarquable de fermeté et d’éloquence impérieuse achève de caractériser en ce prétendu impassible un patriote et un humanitaire passionnés.

Leconte de Lisle admirait le génie anglais dans ses « splendid » expressions, et il fut des premiers à consacrer aux grands hommes de l’Angleterre des pages enthousiastes d’un culte filial ou fraternel ; mais son cœur chaleureux et son intelligence généreuse haïssaient l’impérialisme panbritannique, le mercantilisme des bourgeois de la Cité et l’inhumanité des premiers colons anglais qui ne furent pas des commerçants malouins ou dieppois, comme nos colons d’Afrique, mais des convicts, ainsi en Australie : il reprochait à l’Angleterre d’avoir détruit les races indigènes dans toutes les terres nouvelles où elle répandit sa race : Peaux-Rouges d’Amérique, Australiens, Tasmaniens, Néo-Zélandais ; et il faut constamment se rappeler à ce sujet un de ses plus récents poèmes, le Dernier des Maoris. Il ne faudrait cependant voir aucune anglophobie nationaliste dans les accusations qu’il porte contre l’Angleterre marchande ; cette étude, écrite au fort de la grande guerre d’insurrection des Hin-