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les différentes formes dont l’homme a, suivant les âges et les climats, revêtu la beauté et la vérité ». Et M. Brunetière cite ces lignes de Renan : « Chaque nation, chaque forme intellectuelle, religieuse, morale, — ajoutons pour L. de L. esthétique — — laisse après elle une courte expression qui en est comme le type abrégé, et qui demeure pour représenter les millions d’hommes à jamais oubliés qui ont vécu et qui sont morts groupés autour d’elle. » Il faut surtout le rapprocher, sans cesse, de Michelet : horreur des rois, prêtrophobie, haine de l’Angleterre, culte de l’Allemagne, en un certain sens principe des nationalités[1], et Leconte de Lisle a fait de la poésie dans le même sentiment que Michelet de l’histoire. Ce n’est pas seulement la légende des siècles, c’est leur « résurrection ».

  1. Termes par lesquels M. Faguet, dans son XIXe siècle, à l’étude sur Michelet, énumère ce qu’il appelle « les préjugés que chaque époque apporte avec elle », et que Michelet « a embrassés de tout son cœur ».