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Tous les tyrannicides invoquent la tradition illustre d’Harmodius et d’Aristogiton. Desmoulins cite Aristophane dans les polémiques du Vieux Cordelier.

D’André Chénier, les Iambes révolutionnaires sont un souvenir hellénique, de même que la Marseillaise de Rouget de Lisle rappelle quelques beaux vers d’Eschyle, le chant des Grecs à Salamine[1]. Les églogues sont des dialogues entre les esclaves, — les bergers — et les hommes libres — les chevriers — sur les misères morales de la servitude ». Chénier, a-t-on dit[2], dans le genre pastoral a voulu peindre des mœurs antiques, non point pour leur antiquité même, mais a parce qu’elles lui semblaient plus voisines de la nature dont avant tout il était sincèrementamoureux » et de la nature telle que l’entendait avec Rousseau et Bernardin la fin du XVIIIe siècle : la liberté. Ainsi faut-il commenter son vers célèbre :


Sur des pensera nouveaux faisons des vers antiques.


Ces pensers, cette nouveauté étaient tout républicains. Chénier, qui fut un des modèles de Leconte de Lisle, lui inspira un hellénisme essentiellement libertaire dont il pouvait retrouver l’esprit presque dans l’Hermès où se symbolise la marche séculaire de l’humanité conquérant la science et le bonheur. À la suite de son frère, Marie-Joseph Chénier sculpte d’après l’antique dans Timoléon une figure de tyrannicide républicain aux pri-

  1. Géruzez.
  2. Egger.