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La jeunesse est l’âge où, plus souple, avide et confus, l’on se rattache plus inextricablement, l’on correspond plus subtilement à la diversité du monde, et il admira la Grèce d’avoir su être jeune.


Ainsi la vie grecque lui est idéale de magnifier par le commerce de la nature la vertu physique des êtres : elle crée les types les plus admirablement complets[1], car les âmes ornées d’intelligence et de philosophie savent demander innocemment à la nature le lustre et l’hygiène de la beauté. La civilisation hellénique, telle que se la représente son génie primitiviste, lui demeure un exemple unique, car elle témoigne un égal amour de la Nature et de l’Art, de la Vie et de l’Esprit, et d’un art à travers lequel seule, d’ailleurs, se faisait rechercher et aimer la Nature. La Grèce, patrie de l’Art naturel, est patrie de Liberté : elle est exemplaire, présentant la splendide unité du beau, du bien, du vrai, du juste. Hypathie analyse la conception complexe qu’il garde de la Grèce :


Comme un jeune lotos croissant sous l’œil des sages,
Fleur de leur éloquence et de leur équité.
Tu faisais, sur la nuit moins sombre des vieux âges,
Resplendir ton génie à travers ta beauté.
Le grave enseignement des vertus éternelles
S’épanchait de ta lèvre au fond des cœurs charmés.


Elle affirme hardiment la vertu intégrale du paganisme :

  1. Se rappeler son goût, dès l’enfance, de la synthèse : dans les sensations, les sentiments et les admirations. Ses goûts unitaires d’art.