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avec leur force : leur vie est un songe lumineux devant une nature immense, pacifique et où le silence est la musique de la paix, ainsi qu’il est sensible dans les Visions antiques de Puvis.


C’est en le repos profond et parfumé de cet isolement dans la nature que l’enfant apprend à goûter l’harmonie de la vie de famille, la saveur des vertus domestiques, qu’il se sent sinueusement retenu aux anses du rivage natal, qu’il éprouve avec volupté le charme de la patrie. La paix sacrée qui flotte sur la nature lui a révélé


La pairie et le toit natal, l’amour pieux
De ses parents courbés par l’âge soucieux.

(Hélène.)


C’est la contemplation du monde, plus finement que le commerce des hommes et la vie de société, qui lui inspire le sens de la hiérarchie, et, l’initiant à ses origines panthéistiques, le rattache au culte de ses parents, des vieillards :


Les grands vieillards drapés dans la pourpre ou la laine
Graves, majestueux, couronnés de respects,


lui gonfle le cœur de l’amour de la patrie, dans un doux fanatisme tout patriarcal et pastoral :


Au sol de notre Hellas notre âme est enchaînée
Et la terre immortelle où dorment nos aïeux
Est trop douce à nos cœurs et trop belle à nos yeux !


Amour de la vierge et amour de la famille, amour (le la liberté et des aïeux, amour de la nature et de la patrie, telle est cette atmosphère de chaude et voluptueuse idéalité, cette atmosphère blonde et