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figurèrent aux métopes du Parthénon en l’antique cité libérale. La façon dont Leconte de Lisle, fraternellement à Michelet, représenta la bête, peut donner un sens primitiviste à la longue série de l’art animalier.

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Il est vrai que, dans son admiration intégrale de la vie naturelle, il conçut plutôt l’homme en face de la nature que l’homme en face de l’homme. Il chanta plutôt la première existence naturelle que la première société, ou, du moins, ne précisa-t-il point son sentiment des sociétés en ces débuts. Mais son culte de la Grèce, sa prédilection de la civilisation hellénique renseignent sur l’idéal, qu’il nourrissait, de société humaine. Ce qui le conquit et l’attacha à la Grèce, ce fut la conciliation la plus harmonieuse de la vie naturelle et de la civilisation. Mais, comme il voit en beauté, sans doute un peu trop harmonieusement assouplie[1], les âges primitifs, de même il mêle un peu trop de primitivisme sauvage à la civilisation grecque. Quoi qu’il en soit, les transformations qu’il fit subir de part et d’autre expliquent l’équilibre voulu de sa conception unifiée[2].

Aussi bien il est remarquable que ce qu’il apprécia surtout de la Grèce fut ce qu’il a coutume de goûter de la vie de nature : l’amour en liberté

  1. D’ailleurs les Origines de J.-H. Rosny prétendent, avec une intelligence analogue à celle de Leconte de Lisle, renverser les affirmations pessimistes des Lubbock sur les premiers âges.
  2. « Je ne m’étonne point, dit M. Barrès, de cette vue simpliste chez un homme qui était convaincu qu’un peuple, les Hellènes, a réalisé, une fois pour toutes, la perfection et que l’Humanité a trouvé là son type hors duquel tout est Barbarie. » M. Barrès dit crûment