Le vieux juif, pieds et poings ferrés et qu’on édente,
Pour mieux suer son or cuit sur la braise ardente !
Siècles de ceux d’Albi scellés vifs dans les murs…
Cependant, cela se voit mieux encore dans la Bête écarlate et dans chacun de ses vers, qu’il faudrait donc citer tout entière, la Bête écarlate qui est l’image apocalyptique même du Clergé. Il n’y a rien de comparable à ce poème de poignante satire même dans les meilleurs de ces trop inégaux Châtiments ; la parabole du Christ épouvanté par la vision de ses successeurs dépasse en lugubre grandeur l’Expiation de Hugo de toute la distance qu’il y a entre le grand tyran et le divin prophète socialiste. Son antipapisme s’affirme à toutes les occasions ; ces deux vers :
Ô Rome qu’un vil moine en sa chaise curule
Étrangle avec l’étole et marque avec la croix
sont le leitmotiv du magnifique chœur des Césars
dans les deux Glaives. L’Agonie d’un Saint, c’est
le jugement par Dieu d’un des plus grands pontifes
dont s’honore le papisme, c’est sa condamnation.
Cela est très net : nul antichristianisme, mais
antipapisme. « Il manque à son pessimisme, formule
M. Brunetière en son Manuel, de s’être dégagé
plus librement de l’antichristianisme, et de
s’être changé plus souvent en pitié des souffrances
humaines » ; — a il faut d’ailleurs, ajoute M.
Brunetière, imputer cette dureté de Leconte de Lisle
non point du tout à son insensibihté personnelle,
mais à son parti pris de ne prêter son vers qu’à
l’expression des misères de l’humanité, non des