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comme Midi de nos professeurs de littérature, cités comme les « cris du plus profond pessimisme », ne sont en somme que de magnifiques imprécations contre la stupidité de cette vie sociale que réprouvera dans les mêmes termes un Tolstoï (préjugés, misères, iniquités, sotte destruction des beautés naturelles). C’est seulement si le monde ne veut vraiment point revenir à la vie simple primitive qu’il appelle la mort, préférable alors à cette vie moderne faite d’insatiable désir de nouveautés artificielle et de cruautés de peuples efféminés, décadents. (Relisez l’Anathème publié cinq ans après Dies Iræ : cela est très manifeste dans les 4 dernières strophes)[1].

Oui la mort est préférable à cette décomposition où s’attardent les peuples dégénérés. Dans À l’Italie, après avoir appelé l’Italie à quelque farouche redressement.


Hérisse de fureurs les cheveux par les airs,
Reprends l’ongle et la dent de la louve du Tibre,
Et pousse un cri suprême en secouant les fers,
Debout ! debout ! Agis. Sois vivante, sois libre !
Quoi ! l’oppresseur stupide aux triomphants hourras
Respire encore ton air qui parfume et qui vibre !
Tu t’es sentie infâme, ô Vierge, entre ses bras !

  1. M. Brunetière pose les romantiques en optimistes déterminés et leur oppose Leconte de Lisle : celui-ci, « au contraire, a toujours considéré que le premier bonheur pour l’homme étant « de ne pas naître », le second était de mourir, ce qui est la formule même du pessimisme de Shopenhauer et de Cakya Mouni » et il cite Dies Iræ : mais, à relire attentivement ce poème en tenant compte du contexte qu’ollre le reste de son œuvre, il est visible qu’il est simplement l’expression impersonnelle du désabusement qu’a laissé en nous le christianisme qui nous a lassé des voluptés connues : c’est avant tout, comme tant d’autres, un poème anti-chrétien. — Expression impersonnelle comme le « vivre est si doux ! » de la fin de Çunacepa.