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thousiasme redresse l’être. Car le Dieu que cherchait l’homme angoissé (la Recherche de Dieu), le Dieu s’est annoncé.

Dinan s’émancipe à peine de l’administration de son oncle, M. Louis Leconte ; maire depuis 1887, décoré chevalier de la Légion d’honneur en 1845, il a donné sa démission en 1847. Mais ses créations ne laissent pas d’entretenir par toute la ville le souvenir « d’un homme d’initiative qui apporta à la Mairie les ressources d’une intelligence distinguée et la sagacité que réclame l’administration d’une importante cité[1] ». L’hôtel-de ville, entièrement dégagé et paré, le petit monument élevé à Duclos-Pinot au rond-point des Fossés, le Musée public fondé et heureusement enrichi, le presbytère de Saint-Sauveur, la salle d’asile de l’Enfance, le collège Emmanuel logé en les bâtiments de la Victoire, sont à jamais, entre autres legs, les marques de sa main pieuse, consciencieuse et intelligente : on peut encore nommer les rues qui lui durent d’être pavées. Quand Leconte de Lisle arrive à Dinan, la mémoire de son oncle jouit donc de la plus reconnaissante faveur, encore que de neuves et plus frétillantes sympathies s’apprêtent à entourer le nouveau maire, M. Joseph Lesage, qui doit, au fond des proches événements, se montrer digne de son poste et de la population qu’il représente.

Leconte de Lisle se plaint, aussitôt arrivé, « de la stupide position dans laquelle l’ont jeté ces têtes vides du club révolutionnaire. Bien fin qui me rat-

  1. Joseph Lesage, Coup d’œil rétrospectif sur la ville de Dinan.