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Le vent s’éveille à l’horizon,
Déjà la perle rose et frêle
Où s’abreuve le papillon,
… Au bord des fleurs semble un rayon !
Déjà rougit le front de l’île
Sous l’œil du matin, son doux roi !
Ô ma pirogue, emporte-moi
Sur la houle bleue et mobile[1].


De tempérament volontaire et actif, il ne s’arrêtait pas à s’apitoyer sur l’iniquité du régime ou à rimer des vers légers sur les plaisirs de la liberté ; il s’intéressait sérieusement dès cette époque au sort des noirs et aux tentatives qu’on faisait en France pour y porter des adoucissements. Il a suivi les débats parlementaires, il souhaite que cette cause soit défendue avec l’autorité de l’observation et de la documentation, qu’elle ne reste pas à jamais qu’un sujet de vaine déclamation humanitaire : Il note dans une chronique de la Variété :


M. de Lamartine prépare, dit-on, un drame pour le Théâtre français. Cette œuvre, intitulée Toussaint-Louverture, serait le complément des opinions émancipatrices proclamées par l’auteur dans ses discours parlementaires, à l’occasion de l’esclavage des noirs. — En ne nous arrêtant pas sur cette tentative théâtrale, nous pensons que M. de Lamartine ne saurait manquer de nobles idées dans l’expression de sa théorie, mais qu’il a trop profondément prouvé son entière ignorance du véritable état de l’esclavage dans nos colonies, pour faire naître une conviction quelconque de son côté.


À Paris, dans les nouvelles exotiques qu’il publia de 1846 à 1848, aux feuilletons de la Démocratie

  1. Cette « bluette de 90 vers, ni plus ni moins », est aussi de
    1840.