Voici que de terribles calamités se sont abattues sur notre pays[1]. Voici l’hiver, voici la disette : que fera l’aumône pour répondre aux derniers soupirs des vieillards que tuent le froid et la faim, aux cris des enfants qui meurent de froid et de faim ? Rien ! rien ! Que le règne de la justice nous arrive et tout est sauvé !
Il y a, dans un coin de l’histoire, une leçon inexorable, touchant l’aumône et l’insuffisance de la commisération du riche[1].
À l’époque la plus sombre du moyen-âge, une noble dame avait voué sa vie et ses richesses au soulagement des pauvres. Ses plus belles années et sa fortune tout entière s’écoulèrent en aumônes. Elle avait tout donné ; elle n’avait rien guéri. Le désespoir la saisit. Elle convoqua tous ses pauvres dans une église et s’y brûla avec eux.
Cette histoire contient une vérité : c’est qu’à l’aide de l’aumône on ne sort de la misère que pour entrer dans la mort.
Oppression ! indigences !… Vous avez une ennemie plus forte que vous ; elle vient, et le bruit de ses pas frappe déjà nos oreilles. Le sol tremble sous sa marche ; l’air est plein de son souffle ; beaucoup l’annoncent du cœur et des lèvres.
Le jour où vous vous trouvez face à face, vous, la ruse, elle, la franchise ; vous le mensonge, elle, la vérité ; vous, la force brutale, elle, le droit ; ce jour-là vous aurez vécu, car cette ennemie qui vient, c’est la justice !
Ce débordant lyrisme a de quoi sans doute faire