cléricale. Que le peuple ne se laisse plus duper par les mensonges des prêtres et les fausses générosités des puissants ! La charité n’est que spéciosité, fausseté : plus de charité, la seule justice : Tous ont droit à la vie !
Il y a quelque tumultueuse exaltation, quelque
confusion, et des soubresauts en cette clamation.
Est-ce faiblesse d’élocution, insuffisance de clarté
en la pensée, inhabileté de l’expression ?
Évidemment non : les griefs sont très précis et, d’autre
part, celui qui en la même année publie
la Vénus de Milo et Thyoné est déjà absolument maître de sa
forme comme de sa pensée, il possède et distribue
à volonté dans le verbe la force de son âme ; son
style est fluide, discret et précis en sa richesse.
C’est donc bien plutôt afflux de l’indignation, ou
seulement ivresse de la pensée qui, pour la
première fois, s’abandonne à l’espace et à la lumière.
On retrouve dans les lignes qui suivent, vibrantes
du ton des prédications martiales de la Révolution,
quelques-uns des termes, des rythmes, même des
images ou des allégories qui illustreront plus tard
certains de ses poèmes :
Entre toutes les plaies qui rongent le corps social, il en est deux plus flagrantes et plus profondes : l’une engendre l’autre, toutes deux sont mortelles : l’oppression et l’indigence.
L’oppression est vieille dans les annales de l’humanité. Il est loin de nous, le jour où l’homme dit à l’homme : Tes sueurs et ton sang sont à moi ; vis et