Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lumières glorieuses et pacifiques, ils illumineront demain les prochaines campagnes de la terre promise[1].

La liberté et la vie, voilà le droit, voilà la justice. La liberté religieuse a été conquise, on sait à quel prix ; la vie ne l’est pas. Qu’est-ce que la richesse universelle aux mains du plus petit nombre ? La négation du droit de vivre pour tous. Qu’est-ce que le salariat ? La négation de la liberté. Que ressort-il de cet état de choses ? La négation de la justice[2]. Ce sont autant de crimes de lèse-humanité ; que tous y songent, qu’ils y songent encore et toujours !


Puis, envisageant les religions, Leconte de Lisle fait ressortir que les révélations religieuses qui se succèdent parmi les hommes sont, tour à tour, l’idéal de l’état supérieur qu’ils doivent acquérir, c’est-à-dire que le passé est l’idéal de l’avenir. D’ailleurs c’est au pressentiment obscur de cette vérité que les dogmes religieux ont dû d’exciter dans le cœur de l’homme « les ardeurs dévorantes de l’ascétisme, les enthousiasmes aveugles du martyre et les féroces monomanies du prosélytisme. Particulièrement du christianisme, quel est l’idéal social apporté par lui ? « Faites aux hommes ce que vous voudriez que les hommes vous fissent, dit le Christ, car ceci est la loi et les prophètes. » Incontestablement ces paroles annonçaient la solidarité humaine, mais la solidarité fondée sur la charité. Or la charité est la consécration du puissant pour le faible, l’aumône du riche au pauvre, résultant sans

  1. Cf. La fin de la Recherche de Dieu et celle du Voile d’Isis.
  2. C’est ici la forme de questionnaire dont il se servira pour le Catéchisme populaire républicain.