Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

valeureuse d’une Poésie sociale, ces poèmes auront le prestige d’une œuvre complète en son genre et capable d’être modèle. Ceux que le culte intransigeant de la forme parfaite retient encore trop peureusement aux flancs ravinés du vieux Parnasse poudreux, ceux qui se sont déjà avancés loin aux plaines de l’inspiration sociale, mais tremblent d’y voir s’éteindre au vent du large le génie de la forme et le culte du verbe, tous pourront s’y repérer précieusement : les fougueuses énergies socialistes se reprendront à éprouver dans la stature d’un art superbe l’inébranlable foi de la génération de 48, et les fervents de Beauté impeccable et splendide s’encourageront, vers des avenirs plus humainement poétiques, à y saluer déjà poète social le maître des Parnassiens byzantins.

*

En même temps que ses vers, Leconte de Lisle donnait en feuilleton des nouvelles : le Songe d’Hermann, la Mélodie incarnée, le Prince Ménalcas, Sacatove (1846), Dianora, Marcie, la Rivière des Songes, la Princesse Yaso’da. Le ton, le style et la forme dialoguée sont tout gœthiens, dans une atmosphère lunaire musicale comme celles de compositions françaises que le Faust allemand devait aussi inspirer à Fantin-Latour. Mais surtout ces essais de roman rappellent constamment Georges Sand (voir, par exemple, Menalcas) : par le goût humain de la nature dont la puissance est une trou-