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l’idéal monarchique près d’être ébranlé par l’idéal socialiste, l’antique religion du Christ près d’être remplacée par la vive religion de l’amour, fraternité et bonheur universels.


La« Démocratie Pacifique », en même temps que des nouvelles, publie l’Aurore sans signature[1] — qu’il est curieux de rapprocher d’un autre poème décrivant un paysage bourbonnais et publié sous ce même titre dans les poèmes barbares après avoir paru sans titre dans l’édition de 1867, avec cette seule dédicace : À madame A. S. M. Ces vers expriment sa croyance en un bonheur futur « ici-bas » et donc social : « le monde meilleur » qu’il évoque est évidemment celui d’une félicité toute terrestre et « réaliste » où le bonheur est fait de beauté aussi essentielle aux socialistes de la France moderne qu’aux Grecs.

l’aurore


Avril semait de fleurs la plaine reverdie,
Le rossignol chantait ses amours renaissants,
Le ciel était plus pur et la brise attiédie
Mêlait à l’air plus doux les parfums du printemps.

L’aurore au front vermeil rougissait la vallée,
Les ombres pâlissaient en fuyant tour à tour,
Les dernières clartés de la nuit étoilée
S’effaçaient lentement aux approches du jour.

Tout souriait, les fleurs, les eaux et la lumière.
L’ombrage frais des bois, l’herbe humide des prés ;

  1. C’est précisément pour cela qu’au contraire de la règle que nous nous sommes faite nous la reproduisons tout entière afin de montrer le bien foudé de notre attribution.