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cert, harmonie devaient persister dans toute la Trilogie lislienne[1]. Le Thérapeute évoque après la félicité du Sage l’édénisme de l’Humanité féconde d’Isis :


Au loin, plus heureuse et plus belle,
Aux desseins créateurs cessant d’être rebelle,
L’humanité surgit à ses yeux élonnés ;
Et de liens fleuris les peuples enchaînés,
Des conceils éclatants de leur joie infinie,
Chantent dans sa beauté la nature bénie !
Heureux ce sage, heureux ce juste, heureux ce Dieu !
L’amour et la science ont accompli son vœu.
Et désormais sa vie est comme une onde pure
Qui dans son lit plein d’ombre et de soleil murmure,
Certaine qu’au delà d’un monde encore terni
Elle se bercera dans l’arome infini !


Le Thérapeute invite le Pharaon à abdiquer avant l’écroulement final :


Pharaon, Pharaon ! le sceptre trop pesant
Va tomber à jamais de ton bras faiblissant ;
… Viens ! approche au port respecté des orages !
Le front ceint de lotus, calme et fort, l’œil baissé,
Apaisant le désir dont ton cœur est blessé,
Aux pieds sacrés d’Isis où ma voix te convie,
Ô roi, voici l’empire !… ô mort, voici la vie !


Il devait dire plus tard les évolutions des religions, les guerres des cultes, l’un par l’autre remplacés. Il devait dire l’idéal païen des Grecs sauvagement opprimé par l’idéal chrétien, l’idéal des hordes septentrionales converti avec violence en idéal chrétien. Il disait dès ses premiers poèmes, au plein des menaces d’une révolution sociale,

  1. Remarquons même que le nombre 7 se retrouve souvent chez Leconte de Lisle.