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Le poète clame « la plainte furieuse d’un monde qui cherche son Dieu », peint l’horreur d’une humanité saoulée de ténèbres et qui, malgré ses efforts, ne parvient jamais à la Clarté. En vain, au nom de toute l’humanité, a-t-il essayé d’invoquer les religions du Passé :


J’ai remué, Seigneur, les poussières du monde ;
J’ai reverdi pour vous ce que le temps émonde,
Les rameaux desséchés du tronc religieux ;
Des cultes abolis j’ai repeuplé les cieux !
Rien ne m’a répondu, ni l’esprit, ni la lettre,
Et je vous ai cherché, vous qui dispensez l’être.


En vain est-il allé à Rome tenter de retrouver Dieu : tout n’y est plus que cérémonie, décor et mensonge pompeux. Le temple de Saint-Pierre se profane théâtre opulent d’une religion faussée :


Tu trembles sur ta base, ô monument superbe !
Le pied de l’homme un jour foulera tes sommets ;
Et du granit épars dans la poudre et dans l’herbe.
Nul prophétique accent ne sortira jamais !

Ô cité deux fois reine et deux fois moribonde,
De l’Univers captif absorbante prison !
L’orage balaîra ta cendre vagabonde
Du quadruple côté de l’immense horizon !

Et s’il reste un débris de ta gloire éclipsée,
Comme un mort colossal sur le sol étendu,
Il ne dira jamais si ta lèvre glacée
Cria jadis vers Dieu, si Dieu t’a répondu !

Rien ! Il ne dira rien, si ce n’est la folie,
La douleur et la mort et le bruit d’un vrai nom.
Si ce n’est que Dieu tue et que la terre oublie.
Et que l’écho du ciel incessamment dit : non !


Cependant il s’obstine à chercher Dieu, dans une