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et ses désirs, où la misère et la vie disparaîtront de la face du globe ; où le sol qui vient de Dieu appartiendra à l’humanité collective. La vérité sociale a été démontrée mathématiquement aux riches et aux puissants ; ou leur a prouvé que le malheur du pauvre et du faible est loin d’être nécessaire à leur plus grand bien-être. Ils ferment l’oreille aux avertissements, ils rient et chantent… et la guerre sociale est là qui frappe au seuil de leur palais, les bras nus, l’œil sanglant, l’écume de la faim aux lèvres. La guerre sociale, affreuse, inévitable, plus effrayante mille fois que 93 ! la guerre implacable de celui qui n’a rien contre celui qui a ! la plus atroce et la plus juste des guerres… Ce qui brisera ce torrent, c’est la bonne volonté du riche… Que le maître s’associe à l’ouvrier, que la terre nourrisse tous ses enfants… Voici que les Dieux antiques sont réduits en poussière. Voici que le christianisme est mort… et que le catholicisme est en horreur aux nations. Que faire ? que devenir ? Où est la nuée lumineuse ? Il faut marcher au bonheur… par le libre essor des passions virtuelles. Il faut oublier les cultes menteurs et l’aveuglement fanatique et tout le fatras mystique des soi-disant révélations particulières ! que les démons catholiques aillent grincer des dents où bon leur semblera, tandis que les génies heureux de l’Éden berceront entre leurs bras l’humanité outragée depuis longtemps, mais qui renaîtra jeune et belle au soleil de l’amour et de la liberté !


Bien plus, ce sont uniquement ses principes sociaux qui le retiennent à la Phalange[1].


Mes collègues sont les hommes les plus probes et les plus bienveillants de la presse parisienne, mais ce sont aussi les hommes les plus ignorants de l’art que je con-

  1. Lettre du 6 mars 1846.