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LECONTE DE LISLE

d’ailleurs pas Leconte de Lisle d’y débuter par une critique de Hoffmann où il accusa tous les dangers du spiritualisme mystique[1]. « Leconte de Lisle a aimé le catholicisme autant qu’il devait le haïr plus tard ? » a-t-on écrit. On chercherait vainement dans la Variété l’éloge du clergé, de la papauté ou de la Messe. Le Premier Amour en prose fait-il autrement mention de l’office de la messe que pour ridiculiser la silhouette solennelle du suisse ? On parle du catholicisme de Leconte de Lisle, et alors on cite cette strophe de Issa ben Mariam :


Mais nul ne devinait, mystérieux martyr,
Que de ton sang sacré fécondant l’avenir
        Sombre de haine et de souffrance
Un jour tu doterais la frêle humanité
         Des rayons de l’amour et de la liberté.


Mais que prouvent ces vers sinon que, au point de vue de l’histoire de la philosophie, il reconnaissait en le christianisme un événement moral, qu’il l’admirait autant qu’il le fit quand, dans le Nazaréen, il chantait dans le Christ :


La jeunesse et l’amour, ta force et ton génie ?


On fait valoir qu’alors « pour Leconte de Lisle le « progrès de l’humanité est lié au christianisme… ». Et l’on s’appuie sur une phrase extraite de l’étude sur Chénier : « Les rêves sublimes du spiritualisme chrétien, cette seconde et suprême aurore de l’in-

  1. « Mais ce qu’il y eut de plus admirable chez cet homme rare, c’est que possédant le même enthousiasme poétique, le portant peut-être plus loin que les plus exaltés partisans du sentimentalisme, il conçut le projet original de combattre avec l’excès de ses propres défauts l’exaltation littéraire et spiritualiste de son pays. »