Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
LES DÉBUTS DANS LA LITTÉRATURE

s’abaisse en puériles révérences devant les roitelets d’Europe :


M. Alexandre Dumas n’est plus l’auteur passionné et convaincu d’Henri III et d’Antony ; depuis quelques années M. Dumas ne compose plus, il fait de la littérature à tant, copie de sa main ses manuscrits, leur met des rosettes de satin et les expédie à tous les souverains d’Europe, qui, en retour, le couvrent de décorations. Bernadotte, le roi de Suède, vient de suivre l’exemple de ses frères royaux, en envoyant à M. Dumas la croix de Gustave Wasa. Nous aurions vivement désiré vous annoncer l’apparition d’une œuvre de notre poète dramatique ; mais il a maintenant bien d’autres occupations ; il se fait, dit-on, une collection complète des divers ordres des petites cours ducales et princières d’Italie. Nous serons encore heureux qu’il veuille bien en tirer quelques chroniques.


Il estime les romans bretons de Souvestre qu’il oppose, dans leur composition claire, aux romans de Balzac, dont la fécondité l’intimide :


L’époque actuelle est féconde en énigmes de tout genre, et nous le concevons facilement, car rien n’est encore stable en politique comme en littérature ; mais s’il existe un problème dont la solution soit de toute impossibilité, c’est la verve intarissable de M. de Balzac. Le plus fécond de nos romanciers a maintenant trois ou quatre ouvrages sous presse, sans compter Pierrette, que vient de publier l’éditeur souverain. On a tout dit sur le talent littéraire de M. de Balzac, et peut-être n’a-t-on rien dit de vrai ; aussi, ne nous chargeons-nous pas encore d’en donner une appréciation, même après avoir lu le premier numéro de la Revue parisienne, recueil d’art, de critique et de politique entièrement rédigée par