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LES DÉBUTS DANS LA LITTÉRATURE

ticisme de ce Jean-Paul dont il détache pour épigraphe à une de ses poésies : « L’ange replia ses ailes et revêtit la forme d’une créature humaine. » Conception de la femme qui est alors et resta longtemps celle de Leconte de Lisle. Plus tard[1], dans des nouvelles écrites d’après des lectures de Dinan et de Rennes, il raillera comme une maladie cette sentimentalité allemande qu’il fait dériver autant de Gœthe que de Jean-Paul.


En ce temps-là, dit George dans la Mélodie incarnée, florissait Jean-Paul Richter d’extatique mémoire… Titan, monté sur ses échasses, s’avançait sur les pas de l’enthousiaste amant de Lolotte. Les esprits étaient à la lune. — Aux farfadets amoureux. — Et aux jeunes filles phtisiques. — Chacun jouait de la flûte et mangeait le moins possible ; la pipe et la bière avaient déserté les tavernes ; les aubergistes maigrissaient. L’illuminisme faisait rage. C’était une chose merveilleuse que de s’asseoir au coin des hautes cheminées, durant les soirs d’hiver. Les chats noirs prophétisaient, les pattes dans la cendre, et les grillons, blottis dans la soie, racontaient des chroniques d’amour aux vieilles marmites chevrotantes.


Précisément, si, au lieu de lyriser sur un poète, il étudie Hoffmann, c’est que, sous l’apparence d’un conteur fantastique, celui-ci cache un satyrique qui, par la caricature de son réalisme, ramène les esprits exaltés et diffus à la réalité de la vie, fait œuvre saine et mâle, œuvre utile.


Qui mieux que lui a jamais présenté la physiologie

  1. Démocratie pacifique, 1846 et 1847.