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LECONTE DE LISLE

tent de marquer chez les nations différentes des mouvements similaires et de les rapprocher dans une parenté tout historique :


Dans notre première esquisse nous avons brièvement apprécié la tendance réformatrice imprimée par Hoffmann à la littérature et aux arts spiritualistes de l’Allemagne, au commencement du XIXe siècle. Quelques années auparavant, Sheridan, dédaignant en quelque sorte d’user de son brillant talent, a indiqué dans le Critique la réforme qui seule arrêterait la décadence imminente de l’art comique en Angleterre ; tandis que André Chénier, au pied de l’échafaud, la gravait en vers sublimes pour la poésie française. Dans la transition, si nous osons nous exprimer ainsi, du dernier siècle au XIXe, trois hommes se sont donc élevés, Hoffmann, Sheridan, André Chénier, qui, tous trois, différant de talents, ont peut-être reconstruit dans leurs patries les premières bases d’un monument littéraire et artistique plus immense et plus solide. L’Allemagne, intérieurement émue par une entière révolution sociale, édifie encore ; l’Angleterre attend l’heure du réveil intellectuel ; mais la jeune France se glorifie à juste titre du génie régénérateur de Victor Hugo.


Venu des antipodes, ayant dû, avant d’arriver en France, faire escale dans des colonies de nationalités différentes, nomade de tempérament, il était naturellement enclin à voyager à travers les littératures étrangères, y cherchant d’instinct à s’enrichir des plus divers éléments de la mentalité humaine.

Il est né dans une île africaine, ceinte de flots indiens, d’un sang breton et méridional[1]. Dans

  1. Les Lanux descendent des comtes de Toulouse.