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LECONTE DE LISLE

vivre de ses propres moyens, et, avec la crainte d’être rappelé à Bourbon, il voudrait trouver un emploi qui lui permît de demeurer en France sans coûter à sa famille. Il ne réussirait à être clerc de notaire comme Rouffet, car une telle « soumission » serait cette fois révoltante. Il n’est que bachelier ès-lettres ; il est mauvais étudiant ; mais il pourrait s’instituer professeur : son camarade Houein et lui forment le projet de s’associer Rouffet pour fonder à Quentin un pensionnat qui ferait toutes les classes et qui serait « divisé suivant la méthode de l’enseignement la plus large ». Houein est sur le point d’être reçu licencié ès-lettres, ce qui lui faciliterait l’exécution de ce rêve, et, avec 9.000 francs de capital, on pourrait commencer dès l’année prochaine, avec 50 élèves, 2 maîtres d’études, 4 professeurs, de mathématiques, de physique, de musique et de dessin. Houein se chargerait d’un cours de grec et de philosophie ; Rouffet d’un cours de langue latine et de littérature française ; « moi, de la rhétorique, de la géographie et de l’histoire. Et, par-dessus le marché, nous ferions promesse d’un diplôme baccalauréatique au bout de 3 ans, cela dans un prospectus papier rose, doré sur tranches !… Hein ! »

Au demeurant c’est aussi irréalisable que la publication de le Cœur et l’Âme, puisqu’il faut un « capital ». Il retombe au marasme. On ne peut se créer soi-même un moyen indépendant de vivre : la société a institué des titres qu’il faut savoir acquérir. Aussi le mieux, pour retrouver un peu de sérénité, est-il de se remettre à l’étude du Droit. Il prend une décision : « Je fais mon Droit depuis le