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LECONTE DE LISLE

merais guère à rester entièrement ignoré ; quand ne serait-ce que prouver à ma famille que je n’ai pas totalement perdu mon temps en France ; et puis, cela ayant été mon rêve continuel, je vous avoue que je ne sais pas trop si je prendrais ma déception en patience.

Comme il a dû reconnaître sa sensibilité à la femme, il est obligé de s’avouer une âme éprise de gloire. De quoi rêvait-il donc avec ses amis dans leurs promenades sur la plage molle et tiède de St-Paul ? Qu’est-ce qui l’attirait en France et naguère encore lui faisait désirer de quitter Dinan pour Rennes ? Doit-il y renoncer déjà ? Et c’est avec un cœur palpitant de doute et de désir qu’il s’emporte contre elle :


Car ce siècle est tissu de sombres ironies,
Qui dessèchent le cours des saintes harmonies.
Et sa gloire, loin d’être une immortalité,
N’est plus qu’un triste écho de son impiété.
… Loin d’entrer dans la gloire il faut ramper vers elle.
… La gloire ! ce vain son des voix contemporaines !



*

Puis, la préparation de ce recueil au sujet duquel on écrit à Rouffet depuis deux ans, dont on a parlé dans les réunions de camarades, dont a rêvé avec grandiloquence au sortir du théâtre où l’on vient d’applaudir Frédérick Lemaître dans les drames de Dumas et de Hugo, qu’on a médité dans de languissants après-midi de fumerie ou dans des entretiens graves avec Mlle Eugénie, la préparation de ce livre, qui ne sera pas édité à Paris, lui a fait