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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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Victor s’habilla et se rendit au restaurant. Sur la table d’Alexandra Basileïef, le journal était placé.

Elle arriva tard. Elle semblait ne rien savoir et n’être nullement inquiète.

Elle ne déplia La Feuille qu’à la fin du repas, parcourut la première page, puis tourna. Aussitôt sa tête pencha et elle vacilla sur sa chaise. Se raidissant, elle lut, et, aux dernières lignes, Victor crut qu’elle allait s’évanouir. Défaillance momentanée. Elle écarta son journal négligemment. Pas une fois elle n’avait levé les yeux vers Victor, et elle put croire qu’il n’avait rien remarqué.

Dans le hall, elle ne le rejoignit pas.

L’Anglais Beamish s’y trouvait. Était-il un des deux escrocs qui avaient échappé à Mauléon, en ce bar de la rue Marbeuf, si proche de l’hôtel ? Et donnerait-il à la princesse Basileïef des nouvelles sur Arsène Lupin ?

À tout hasard, Victor monta d’avance et se posta derrière le battant de sa porte.

La Russe parut d’abord. Elle attendit devant sa chambre, impatiente et nerveuse.

L’Anglais ne tarda pas à sortir de l’ascenseur. Il inspecta le couloir, puis vivement courut vers elle.

Quelques mots furent échangés entre eux. Et la Russe éclata de rire. L’Anglais s’éloigna.

« Allons, pensa Victor, il est à croire que, si vraiment elle est la maîtresse de ce damné Lupin, il ne se trouve pas pris dans la rafle, et que l’Anglais vient de la rassurer. D’où son éclat de rire. »

Les déclarations subséquentes de la police confirmaient cette hypothèse. Arsène Lupin ne fut pas reconnu parmi les trois captifs.