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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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II


Durant deux jours, Victor ne revit pas Alexandra Basileïef. Il s’informa. Elle ne quittait pas son appartement.

Le soir suivant, elle vint dîner au restaurant. Victor occupait une table plus proche de la table occupée par elle jusque-là.

Il ne la regarda point. Mais elle ne pouvait pas ne pas le voir, de profil, fort calme et soucieux seulement du bourgogne qu’il dégustait.

Ils fumèrent dans le hall, toujours étrangers l’un à l’autre. Victor lorgnait tous les hommes qui passaient, et tâchait de discerner si, parmi eux, il n’y en avait pas un dont l’élégance, la silhouette, la désinvolture, l’autorité, pussent trahir la personnalité d’un Arsène Lupin. Mais aucun n’avait l’allure de celui qu’il cherchait avec irritation, et, en tout cas, Alexandra semblait indifférente à tous ces hommes.

Le lendemain, même programme et même manège. Mais, le surlendemain, comme elle descendait pour dîner, ils se trouvèrent ensemble dans l’ascenseur.

Pas un geste de part et d’autre. Chacun d’eux aurait pu croire que l’autre ne l’avait pas vu.

« N’empêche, princesse, se disait Victor, que pour vous je suis un voleur ! N’empêche que vous acceptez de passer à mes yeux pour une femme qui se sait volée, qui avoue l’avoir été par moi, et qui juge tout naturel de n’en pas souffler mot. Insouciance de grande dame ? N’importe ! La première étape est franchie. Quelle sera la seconde ? »