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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

Gustave Géraume rit franchement.

« Et après ? Je suis seul à en posséder ? J’ai un privilège ? »

Henriette ne riait pas, elle. Son joyeux visage prenait une expression d’effroi.

« Ouvrez-moi votre bureau », ordonna Mauléon.

Géraume, qui semblait s’inquiéter à la longue, hésita, puis obéit.

Mauléon feuilleta des papiers, jeta un coup d’œil sur des dossiers et sur des registres. Apercevant un browning, il l’examina, puis mesura le diamètre du canon avec un double-décimètre.

« C’est un browning à sept coups, dit-il, qui semble bien être un sept millimètres soixante-cinq.

— Un sept millimètres soixante-cinq, oui, déclara Géraume.

— C’est donc un browning de même calibre que celui avec lequel on a tiré deux balles, l’une qui a tué net le père Lescot, l’autre qui a blessé l’inspecteur principal Hédouin.

— Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? s’exclama Géraume. Je ne me suis pas servi du mien depuis que je l’ai acheté… il y a cinq ou six ans. »

Mauléon retira le chargeur. Il manquait deux balles.

Le commissaire insista.

« Deux balles manquent. »

Et, après un nouvel examen, il reprit :

« Et, quoi que vous en disiez, monsieur, il me semble bien que l’intérieur du canon garde des traces de poudre récemment brûlée. Les experts apprécieront. »

Gustave Géraume resta longtemps confondu. Ayant réfléchi, il haussa les épaules.