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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

À Saint-Cloud, les deux policiers trouvèrent dans son bureau Félix Devalle, grand gaillard brun, à la barbe soignée, et qui, aux premiers mots, pouffa de rire.

« Ah ! ça mais, qu’est-ce qui se trame contre mon ami Géraume ? Dès ce matin, coup de téléphone de sa femme, et, depuis, deux visites de journalistes.

— À propos de quoi ?

— De l’heure à laquelle il est rentré avant-hier soir jeudi.

— Et vous avez répondu ?

— La vérité, parbleu ! Dix heures et demie sonnaient lorsqu’il m’a déposé devant ma porte.

— C’est que, justement, sa femme prétend qu’il n’a dû rentrer qu’au milieu de la nuit.

— Oui, je sais, elle crie cela sur les toits, comme une brave petite femme affolée de jalousie. « Qu’est-ce que tu as fait à partir de dix heures et demie du soir ? Où étais-tu ? » Alors, la justice s’en mêle, les reporters rappliquent chez moi, et, comme un crime a été commis à ces heures-là, voici mon pauvre Gustave devenu suspect ! »

Il riait de bon cœur. Gustave, voleur et assassin ! Gustave, qui n’aurait pas écrasé une mouche !

« Votre ami était un peu gris ?

— Oh ! à peine. La tête lui tourne si facilement ! Il voulait même m’entraîner à cinq cents mètres d’ici, à l’Estaminet du Carrefour qui ne ferme qu’à minuit. Sacré Gustave ! »

Les deux policiers s’y rendirent, à cet Estaminet. Il leur fut répondu que l’avant-veille, en effet, M. Gustave Géraume, un habitué de la maison, était venu boire un kummel un peu après dix heures et demie.

Et ainsi, la question se posait avec une force crois-