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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

Vaillant poussa Victor du coude en murmurant :

« Celui-là qui vient… pardessus gris foncé… chapeau mou… c’est le baron. »


III


L’impression de Victor ne fut pas défavorable. L’attitude du baron ne trahissait pas la moindre agitation, et sa figure paisible, reposée, n’était pas celle d’un homme qui a tué, dix-huit heures auparavant, et qui est harcelé par le souvenir, l’angoisse de ce qu’il va faire, et l’épouvante de ce qui peut advenir. C’était la figure d’un monsieur qui accomplit, selon le rythme ordinaire, sa besogne quotidienne. Il salua l’employé d’un signe de tête, et s’éloigna par la droite, vers sa demeure. Il avait à la main un journal du soir, plié, avec lequel il frappait distraitement les barreaux des grilles sur son passage.

Victor, qui le suivait à une certaine distance, hâta le pas et atteignit l’immeuble presque en même temps que lui. Sur le palier du quatrième étage, comme l’autre tirait sa clef, il lui dit :

« Le baron d’Autrey, n’est-ce pas ?

— Vous désirez, monsieur ?

— Quelques minutes d’entretien… Inspecteur Victor, de la Brigade mondaine. »

Incontestablement, il y eut choc, désunion, effort de volonté. Les mâchoires se contractèrent.

Ce fut rapide, et, après tout, ce pouvait être l’effet tout naturel que produit sur les plus honnêtes gens, la visite inopinée de la police.