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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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tournée, où il se rendit compte du peu de sympathie qu’ils inspiraient, le conduisit nécessairement chez leur propriétaire, M. Gustave Géraume, conseiller municipal et négociant en bois et charbons, dont les démêlés avec le baron et la baronne divertissaient le pays.

M.  et Mme Géraume possédaient une belle villa, également sur le plateau. Dès l’entrée, Victor sentit l’aisance et la richesse, et constata la discorde et l’agitation. Ayant pénétré dans le vestibule après avoir sonné vainement, il entendit le bruit d’une querelle au premier étage, des claquements de portes, une voix d’homme, ennuyée et sans aigreur, une voix de femme, stridente et furieuse, qui criait :

« Tu n’es qu’un ivrogne ! Oui, toi ! M. Gustave Géraume, conseiller municipal, est un ivrogne ! Qu’as-tu fait, hier soir, à Paris ?

— Tu le sais bien, ma petite, un dîner d’affaires avec Devalle.

— Et avec des poules, évidemment. Je le connais, ton Devalle, un noceur ! Et après le dîner, les Folies-Bergère, hein ? les femmes nues ? le dancing ? le champagne ?

— Tu es folle, Henriette ! je te répète que j’ai ramené Devalle en auto à Suresnes.

— À quelle heure ?

— Je ne saurais dire…

— Évidemment, tu étais ivre. Mais il devait être trois ou quatre heures du matin. Seulement, tu profites de ce que je dormais… »

La dispute dégénérait en bataille. M. Géraume se précipita vers l’escalier qu’il dégringola, poursuivi par son épouse, et aperçut le visiteur qui attendait dans le vestibule, et qui, aussitôt, s’excusa :