Page:Leblanc - Victor de la brigade mondaine, 1934.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
19

Ils étaient nombreux à ce train-là. Lorsqu’une dame rousse, dont le sweater vert pomme apparaissait entre les pans d’un manteau gris, voulut passer, son carnet d’abonnement à la main, Victor lui dit tout bas :

« Veuillez me suivre, madame… Police judiciaire… »

La dame eut un sursaut, murmura quelques paroles, et accompagna l’inspecteur et le chef de gare qui la fit entrer dans son bureau.

« Vous êtes employée au Comptoir commercial de Chimie, lui dit Victor, et vous avez emporté par mégarde une enveloppe jaune que la dactylographe Ernestine avait laissée près de sa machine à écrire…

— Moi ? dit-elle, assez calme. Il y a erreur, monsieur.

— Nous allons être contraints…

— De me fouiller ? Pourquoi pas ? Je suis à votre disposition »

Elle montrait une telle assurance qu’il hésita. Mais d’autre part, innocente, ne se fût-elle pas défendue ?

On la pria de passer dans une pièce voisine avec une employée de la gare.

L’enveloppe jaune ne fut pas trouvée sur elle, et aucun Bon de la Défense.

Victor ne se démonta pas.

« Donnez-moi votre adresse », lui dit-il sévèrement.

Un autre train arrivait de Paris. L’inspecteur principal Hédouin en descendit rapidement et se heurta aussitôt à Victor, lequel débita tranquillement :

« La dame Chassain a eu le temps de mettre l’enveloppe en sûreté. Si on n’avait pas bavardé hier soir à la Préfecture devant les journalistes, le public n’aurait pas connu l’existence de cette enveloppe jaune contenant une fortune, la dame Chassain n’aurait pas eu l’idée de la