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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

Le jeudi suivant, vers deux heures de l’après-midi, la princesse Alexandra Basileïef quittait l’appartement d’une amie à qui elle avait demandé asile, se promenait assez longtemps dans le jardin des Tuileries, puis prenait la rue de Rivoli.

Elle était vêtue simplement, mais, comme toujours, son étrange et merveilleuse beauté attirait les regards. Elle ne les fuyait pas. Elle ne se cachait pas. Qu’avait-elle à craindre ? Nul de ceux qui pouvaient la soupçonner ne la connaissait. Ni l’Anglais Beamish, ni Antoine Bressacq ne l’avaient dénoncée.

À trois heures elle entrait dans le petit square Saint-Jacques.

Sur un des bancs, à l’ombre de la vieille tour, un homme était assis.

Elle hésita d’abord. Était-ce lui ? Il ressemblait si peu au Péruvien Marcos Avisto, si peu à Victor de la Brigade mondaine ! Combien plus jeune et plus élégant que Marcos Avisto ! Combien plus fin, plus souple et plus distingué que le policier Victor ! Cette jeunesse, cet air de séduction aimable, la troublèrent plus que tout. Pourtant elle avança. Leurs yeux se rencontrèrent.

Elle ne s’y trompa pas : c’était bien lui. C’était un autre homme, mais c’était lui. Elle s’assit à ses côtés, sans une parole.

Ils restèrent ainsi, l’un près de l’autre, silencieux. Une émotion infinie les unissait et les séparait, et ils avaient peur d’en rompre le charme.

Enfin, il dit :

« Oui, c’est la première vision que j’ai eue de vous au cinéma, qui a réglé ma conduite. Si j’ai poursuivi toute cette aventure, c’est pour courir après mon adorable