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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

Aussitôt il explora les annuaires, fit, l’après-midi, une enquête sur les maisons de produits chimiques, et fouilla le quartier de la Madeleine. Ce n’est qu’à cinq heures qu’il découvrit qu’il y avait une nommée Ernestine, dactylographe au Comptoir Central de Chimie, rue du Mont-Thabor.

Il téléphona au directeur et les réponses qui lui furent faites l’incitèrent à une visite immédiate au Comptoir. Il s’y rendit en hâte.

Les bureaux se composaient de petites pièces où la place manquait, et que séparaient les unes des autres de légères cloisons. Introduit dans le cabinet du directeur, il s’y heurta dès l’abord à de vives protestations.

« Ernestine Peillet, une voleuse ! Ce serait elle l’aventurière dont j’ai lu la fuite dans les journaux de ce matin ? Impossible, Monsieur l’Inspecteur. Les parents d’Ernestine sont très honorables. Elle vit chez eux…

— Pourrais-je lui poser quelques questions ?

— Si vous y tenez… »

Il sonna le garçon de bureau.

« Appelez donc Mlle Ernestine. »

Une menue personne se présenta, discrète d’allure, assez gentille, avec le visage crispé de quelqu’un qui, en prévision des pires événements, s’est composé une attitude inflexible.

Cette pauvre façade s’écroula du premier coup, lorsque Victor lui eut demandé, de son air rébarbatif, ce qu’elle avait fait de l’enveloppe jaune dérobée la veille à son compagnon de cinéma. Sans plus de résistance que le sieur Audigrand, elle défaillit, s’écroula sur une chaise, pleura, bégaya :

« Il a menti… J’ai vu une enveloppe jaune par terre…