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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

ce but… l’arrêter !… le démasquer !… De la haine contre lui ? Oui, peut-être, mais surtout un mépris exaspéré.

— Du mépris ? Pourquoi ?

— Pourquoi ? je vais vous le dire, puisque vous n’avez jamais pressenti la vérité. Elle est si claire, cependant ! »

Bressacq s’était relevé, très pâle, le souffle court. Il retomba assis. On voyait qu’il ne pensait qu’à la fuite, et qu’il reconnaissait son irrémédiable défaite.

De ses deux mains, Victor saisit la tête de la jeune femme, et scanda, impérieusement :

« Ne me regardez pas… Ne m’interrogez pas de vos yeux avides… Ce n’est pas moi qu’il faut regarder… C’est lui… c’est l’homme que vous aimez, ou plutôt dont vous aimez la légende, la bravoure indomptable, les ressources toujours renouvelées. Mais regardez-le donc, au lieu de vous détourner de lui ! Regardez-le, et avouez qu’il vous a déçue. Vous attendiez mieux que cela, n’est-ce pas ? Un Lupin, ça vous a tout de même une autre allure ! »

Il riait, méchamment, le doigt braqué sur le vaincu.

« Un Lupin, est-ce que ça devrait se laisser jouer comme un gosse au maillot ? Ne parlons pas de ses gaffes depuis le début de l’affaire, de la façon dont je l’ai entortillé, à travers vous, d’abord, et puis directement, dans sa maison de Neuilly. Mais, ici, cette nuit, qu’est-ce qu’il a fait ? Depuis deux heures, c’est un pantin que j’agite à ma guise ; un polichinelle ! Ça, un Lupin ? Un épicier, oui, qui établit son bilan. Pas une lueur ! pas une idée ! Tandis que je le manœuvrais, tandis que je faisais monter la peur en lui, il bafouillait comme un imbécile. Regardez-le donc, votre Lupin en peau de lapin. Parce que je lui ai chatouillé l’estomac, le voilà