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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

Il s’écoula une quinzaine de minutes, durant lesquelles leur incompréhensible angoisse s’augmenta de tout le silence mystérieux et de cette atmosphère lourde et chargée de menaces qui les étouffait. Alexandra se cramponnait au dossier d’un fauteuil, ses yeux fixes attachés à la porte close par où pouvait venir l’ennemi. Bressacq reprenait sa besogne, puis l’abandonnait soudain, mal à l’aise, le cerveau tumultueux.

« L’affaire a été mal combinée », formula Victor.

La colère de Bressacq éclata, et il empoigna celui qu’il appelait le vieux. Victor riposta, tout en répétant d’un ton sarcastique :

« L’affaire a été mal combinée… Nous ne savons pas où nous allons… C’est grabuge et compagnie… Quelle salade !… »

Bressacq l’injuria. Ils se seraient peut-être battus si Alexandra n’avait couru vers eux pour les séparer.

« Allons-nous-en, ordonna-t-elle, dans un sursaut d’énergie.

— Après tout, oui, s’écria Bressacq, prêt à renoncer. La route est libre. »

Ils se dirigeaient tous deux vers la porte, lorsque Victor déclara, d’un ton agressif :

« Moi, je reste.

— Mais pas du tout ! Vous partirez aussi.

— Je reste. Quand j’entreprends quelque chose, je vais jusqu’au bout. Rappelez-vous vos paroles, Bressacq : « Les dix millions sont ici. Nous le savons, et on s’en irait les mains vides ? C’est contraire à mes habitudes. » Aux miennes également. Je me cramponne. »

Bressacq revint sur lui :

« Vous en avez du culot, vous ! et je me de-