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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

de neuf cent mille francs ! Et c’est évidemment ce magot-là qu’on t’a barboté tout à l’heure, au cinéma. Qui ? Qu’est-ce que c’est que ta voleuse ? »

Audigrand pleurait, sans force pour se défendre, et il avoua stupidement : « Je l’ai rencontrée avant-hier, dans le Métro… Hier on a déjeuné et dîné ensemble. Deux fois elle a remarqué que je cachais une enveloppe jaune dans ma poche. Aujourd’hui, au cinéma, elle était tout le temps penchée sur moi, à m’embrasser…

— L’enveloppe contenait les Bons ?

— Oui.

— Le nom de la femme ?

— Ernestine.

— Ernestine, quoi ?

— Je ne sais pas.

— Elle a de la famille ?

— Je ne sais pas.

— Elle travaille ?

— Dactylographe.

— Où ?

— Dans un dépôt de produits chimiques.

— Situé ?

— Je ne sais pas. On se rejoignait aux environs de la Madeleine. »

Il sanglotait à tel point qu’il devenait impossible de le comprendre. Victor, qui n’avait pas besoin d’en savoir davantage, se leva, s’entendit avec le brigadier pour qu’aucune précaution ne fût négligée et rentra dîner.

Pour lui, le sieur Audigrand ne comptait plus. Il regrettait même de s’en être occupé et d’avoir ainsi perdu contact avec la dame du cinéma. La belle créature, et si mystérieuse ! Pourquoi diable cet imbécile